Voici l'histoire d'un personnage hors du commun: le général Ungern-Sternberg aussi appelé le "baron fou". Il s'est battu du côté des Blancs lors de la guerre civile russe (1917-1921)
Pour en connaître plus sur cette guerre:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_russe(pour mieux suivre le texte qui suit il est préférable d'aller voir le site)
Ce brave cosaque aurait bien mérité de rejoindre les rangs kislévites !
LA LEGENDE D'UNGERN, LE DERNIER GENERAL BLANC - PARTIE 1/4 Wrangel (1), qui l'eut sous ses ordres durant la Guerre mondiale, a dit de lui: "Les hommes de sa trempe sont inappréciables en temps de guerre et impossibles en temps de paix." Pour le baron Ungern, c'est toujours la guerre. Cadet du tsar, mercenaire en Mongolie, officier de cosaques en compagnie du futur ataman (2) Séménov en 1914, petit, malingre, il possède une santé de fer et une énergie farouche, mais son style n'est pas celui d'un officier traditionnel. "Débraillé, sale, dit Wrangel, il dort sur le plancher parmi les cosaques, mange à la gamelle. Des contrastes singuliers se rencontraient en lui: un esprit original, perspicace, et, en même temps, un manque étonnant de culture, un horizon borné à l'extrême, une timidité sauvage, une furie sans frein, une prodigalité sans bornes et un manque de besoins exceptionnel."
Avec un tel tempérament, une belle carrière s'offrait à lui dans la première armée rouge. Pourtant, quelque chose l'a retenu. Le hasard peut-être. A moins que ce ne soit son indépendance, rebelle à tout carcan. [...]
De surcroît, contrairement à un Toukhatchevski (3), Ungern n'est pas en révolte contre sa caste. Il est crasseux et débraillé, mais il tient à son titre de baron. C'est d'ailleurs ainsi que ses hommes l'appellent "le baron". Ce marginal est une bête de guerre, ennemi des conventions, mais fidèle à lui-même et à son passé. Son biographe, Jean Mabire, place dans sa bouche ces paroles qui résument son choix: "Le désespoir est aussi menteur que l'espérance. Il n'y qu'une chose qui compte: devenir ce que l'on est et faire ce que l'on doit."
Cet homme porte au front le signe de la légende, Wrangel l'avait noté: "C'est un véritable héros de romans de Mayne-Reid." Mais avant de devenir un héros de fictions et même de bandes dessinées (4), il avait inspiré plus d'une histoire folle que l'on colportait déjà sur lui, en Sibérie ou en Mandchourie, au temps de ses aventures.
"Il arrivait au baron Unger-Stenberg de faire boire ses officiers et d'abbatre ceux qui, ne pouvant supporter la même dose d'alcool que lui, tombaient ivres", rapporte le Dr Georges Montandon, à l'époque sympathisant bolchévique et délégué de la Croix-Rouge française en Sibérie. Fable qui valut au médecin-mémorialiste une cinglante réplique d'un conrrespondant de guerre français, présent en Sibérie à la même époque:
"A moins que M. Montandon,
per impossibile, ne nous donne des preuves irréfutables de ce qu'il avance, je matiens qu'il a enregistré ici, comme d'ailleurs si souvent dans son livre, une des ridicules inventions qu'on colportait en Sibérie. Quiconque a fréquenté les milieux des officiers gardes blanches en Sibérie en conviendra. Ceux-ci se conduisent souvent envers les civils avec un scandaleux manque de scrupules, mais leurs relations mutuelles étaient généralement empreintes de camaraderie et même d'honneur. Ce trait leur est d'ailleurs commun avec les pires bandes blanches de brigands. Quand, en décembre 1919, Séménov fit éxécuter, pour la première fois, quelques officiers pour indiscipline, la surprise et la fureur furent générales. Plusieurs Séménovsty me dirent "que l'ataman devait prendre garde, et qu'on pourrait bien lui préférer un chef plus important et qui, en toutes circonstances, protégeait ses subordonnés". Ce fut von Ungern-Sternberg, officier d'ancien régime, brave, dur, mais équitable envers ses troupes. Et c'est de ce général, vivant parmis ses officiers, partageant avec eux les moeurs et habitudes héritées de l'ancien régime, que M. Montandon veut nous faire croire qu'il a pu impunément tuer des camarades pour la seule raison d'avoir succombé à l'ivresse, c'est-à-dire pour une faiblesse que tous ces officiers étaient habitués à considérer plutôt comme la conclusion naturelle d'une orgie, que comme une inconvenance ?"
Notes1. Célèbre général de l'armée blanche, commandant en chef des armées du Sud.
2. Chef des cosaques.
3. Bien qu'étant issu d'une famille noble, ce militaire a adhéré au parti bolchévique.
4. Hugo Pratt,
Corto Maltese en Sibérie, Casterman, Paris.
Source Dominique Venner,
Les Blancs et les Rouges : histoire de la guerre civile russe, 1917-1921, Pygmalion, Collection rouge et blanche, Paris, 1997, p. 314-316.